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PORTRAITS

          

Arrière plan, les roches blanches

Agencements

Partie pour une résidence d'une année, au Printemps 2014, dans le quotidien d'un lieu de vie alternatif en Bretagne, ce village me captive, de part sa force d'esprit libertaire et son respect de l'humain.

Ruche créative suspendue à la falaise, ce petit bourg est investi par des artistes, des bricoleurs, des artisans, des cultivateurs,... des gens qui osent vivre comme ils l’ont choisi.

Ce qui fait l'unité, ici, c'est le lieu. Pas de projet commun. Chacun est arrivé, revenu, reparti, chacun a vécu, accueilli, oublié, partagé,... ce "quelque part" sans règlements, sans obligations, dans lequel s’établit, sans convention, une affirmation de la vie et de valeurs positives.

J'ai commencé ce projet avec la volonté de créer des mises en scène participatives, dans un jeu d'improvisation et de va et vient avec les habitants. Des propositions auxquelles certains ont répondu, les scènes se sont déroulées spontanément. Petit à petit j'ai abordé la vie au quotidien, apprécié le temps, de la graine, de l'élevage, à l'assiette, franchi la frontière de l'intime sans outrepasser une forme de pudeur.

C’est la poésie de ce lieu que j'ai essayé de saisir dans ces images, prises au plus proche de ceux qui y vivent, traduisant la création artistique et mon ressenti de l'autogestion et des échanges présents.

Ces photos, comme les personnes qu’elles représentent, nous rappellent, sans l’aide d’aucun discours, qu’il soit religieux, idéologique ou politique, que nous sommes à chaque instant responsables de la beauté de notre vie, de notre société, avec nos choix de vie et les épreuves que nous traversons.

                                                                       FP

 

(...) C’est comme un boycott des pratiques insensées, qui vont des affres administratifs aux effets et contraintes du libéralisme prédateur. Lieu d’accueil informel et libre pour celles et ceux qui sont las des maux à subir dans notre société difforme à force de ne rien prévoir, de ne rien prévenir du développement économique et marchand. Tourner le dos n’empêche pas, à tout moment, de regagner le monde en face (le lieu n’enferme pas, ne retient pas) – mais là, nul besoin de photographes, les visages sont connus, habituels...

On se prend à rêver que tous, ou du moins à une plus grande échelle que ce petit bout de Finistère, nous leur tournions le dos, au moins une fois, pour montrer d’autres visages, d’autres corps. Qu’on tourne le dos aux monstres lâchés par une société de marché qui devient d’autant plus violente qu’on s’oppose à elle. Et que chaque groupe humain, chaque ville, ait son petit bourg manquant, en dehors du cadre imposé par une société anxieuse et méfiante, le petit jardin à part d’une humanité qui se cherche. Un lieu fécond bien que se voulant apolitique démontrerait les bienfaits d’une autre réponse à la catastrophe en cours : nous pouvons construire sans vous. L’entraide est sans limite.


                                                                                                        Olivier Schneider (Le micro village, ou le petit bourg manquant)  

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